Lorsque nous regardons un nouveau-né, nous rencontrons déjà une personnalité. Mais cette personnalité n'est pas isolée. Comme l'a souligné le philosophe Hegel, nous ne nous développons pas seuls, beaucoup ce qui nous façonne est lié à notre environnement social, à notre destin. La personnalité grandit d'emblée dans une constellation d'autres personnalités et de circonstances très diverses. Peu de gens savent que le développement de la personnalité est intimement lié au développement du système immunitaire. Tous deux ne commencent pas à notre naissance. Pour les comprendre, il faut remonter plus loin : à la période de la grossesse.

Développement prénatal

La grossesse est une période pendant laquelle nous façonnons ou élaborons notre corporalité. Nous ne sommes pas seuls. En tant qu'enfants à naître, nous absorbons les joies, la voix, le chant de la mère, ainsi que toute peur, tout stress dépassant un certain niveau. Lorsque nous regardons le fœtus, nous voyons un corps en devenir. Avec ses tout petits membres, il nage dans le liquide amniotique. Nous voyons son lien avec le corps maternel par les enveloppes extérieures qui l’entourent. L'enveloppe la plus externe, le chorion, se différencie en un organe intimement lié à la mère : le placenta. C'est l'organe le plus important pour l'enfant. C'est à partir de lui qu’il commence à construire son corps, presque entièrement « tête » au début de son développement, et qu'il déploie son puissant système nerveux. Le placenta n'a pas de système nerveux, pas de squelette : tout le sang de l'enfant le traverse en une minute – il dirige pourtant les processus de construction de l'embryon de manière décisive. Sa première fonction est la régulation thermique de l'enfant ; régulation la plus importante du vivant. C’est lui qui régule la chaleur de l'enfant, maintenue à un demi-degré au-dessus de celle de la mère. Il joue le rôle d’un cœur périphérique et constitue l'« organe central périphérique » de cet enfant à naître, comme le soleil pour la vie sur Terre. Le placenta est viable même sans l'embryon ; il est directement lié à la mère. Ce n'est qu'après la naissance que notre cerveau prend en charge sa propre thermorégulation. Quel est le rapport avec le système immunitaire ?

Nous savons que les performances de notre système immunitaire dépendent de la chaleur et qu’il fonctionne de manière optimale à 39 degrés de fièvre. En cas d'infection, les animaux poïkilothermes, dont la chaleur dépend de l’environnement, recherchent des endroits plus chauds pour augmenter leurs chances de survie. Le placenta protège naturellement l'enfant, mais le relie en même temps intimement à sa mère. C’est un organe frontière entre l'enfant et sa mère, il constitue une protection grâce à laquelle l'enfant ne subit pas tout ce que vit sa mère, mais qui peut aussi être dépassée en cas de stress important.

Au cours du dernier tiers de la grossesse, le placenta développe un microbiome, une vie bactérienne. Ainsi, l'enfant se prépare déjà immunologiquement à la vie en dehors de la mère. Le système immunitaire de l'être humain mûrit au contact du monde microbien. Il y a quelques décennies encore, les médecins se représentaient le corps comme stérile. Aujourd'hui, nous savons qu'il n'en est rien. Nous portons des bactéries dans nos poumons, sur notre peau, dans nos intestins, etc. Depuis 2014, nous savons qu'une flore bactérienne se développe également dans le placenta. Étonnamment, ce microbiome du placenta ne ressemble pas à la flore vaginale, mais à la flore de la cavité buccale de la mère. Un bon état dentaire et une alimentation saine peuvent aussi influencer indirectement le placenta.

Le placenta comme périphérie

Le placenta joue un rôle aussi bien dans le développement de notre système immunitaire que dans celui de notre personnalité. Mais qu'est-ce que la personnalité ? Qu'est-ce que le « Je » dont nous parlons tant ? « Le Je est une essence », dit Rudolf Steiner à ce sujet. Une « essence », un « être », il s’agit de quelque chose qui n'existe pas aujourd’hui sous cette forme dans les sciences naturelles. Steiner a également donné cette indication : « Pendant la grossesse, l'organe central du Je est le placenta ». Le placenta serait le siège du Je pendant la grossesse, et ce, dans une plénitude que nous perdons après la naissance.

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