Sur les 213 délégués, 97 votants qui représentent 190 000 médecins, n’ont pas voté contre. On pourrait leur reprocher de vouloir s’accrocher à quelque chose qui, selon le récit dominant actuel, est en contradiction avec la science, n’a aucune efficacité spécifique, ne produit que des effets contextuels ou placebo et présenterait même des risques pour les soins.

Compte tenu de la gravité de telles accusations, il est important de connaître dès aujourd’hui les données scientifiques. Lors de ce congrès, ces données n’ont été ni présentées dans leur globalité, ni vraiment discutées...

Que disent les expériences de laboratoire sur les hautes dilutions ?

Les effets des préparations homéopathiques diluées et dynamisées ont fait l’objet d’une méta-analyse dans le cadre de plus de 1500 expériences de laboratoire1. Des résultats significatifs ont été mis en évidence et partiellement reproduits dans différents systèmes de test : physico-chimiques2, in vitro3, à base de plantes4, 5, sur des animaux6-8.

L’homéopathie est-elle efficace, au-delà du placebo ?

Il existe plusieurs centaines d’études randomisées sur l’homéopathie pour différentes indications médicales. De nombreuses méta-analyses (MA) ont été réalisées à ce sujet. Parmi elles, six MA, ont eu pour objet de chercher à savoir si les résultats de l’homéopathie différaient globalement de ceux obtenus avec un placebo.

Dans ce but, des études opposant le produit véritable à un témoin, le placebo (verum versus placebo), ont fait l’objet d’une évaluation commune pour chaque indication. Les MA se distinguaient par leur année de publication (1997-2017) et leur méthodologie (notamment à propos des critères d’inclusion, de l’évaluation du risque de biais et de la synthèse des données). Les résultats et leurs interactions variaient également.

  • En octobre 2023, une étude systématique de ces six MA a été publiée dans la prestigieuse revue Systematic Reviews9. Cette revue porte sur les MA ; les différentes études qui y sont évaluées n’y occupent qu’un rôle marginal. L’un des principaux points est l’évaluation de la qualité des preuves globales à l’aide d’un catalogue de critères (système GRADE). Elle consiste à mettre en parallèle la méthodologie et les résultats de l’étude, à les comparer et à les évaluer. Concernant l’évaluation de l’efficacité de l’homéopathie, cette analyse critique permet d’obtenir une vision plus différenciée et une plus grande certitude que chacune des MA a été prise séparément. Dans cette étude, l’homéopathie était plus efficace que le placebo:
  • Cinq des six méta-analyses, qui comportaient une estimation synthétique de l’effet pour toutes les études incluses, ont montré des effets positifs significatifs de l’homéopathie par rapport au placebo.
  • Quatre MA contenaient une estimation de l’effet après restriction aux études de meilleure qualité méthodologique. Les effets positifs significatifs de l’homéopathie étaient conservés dans trois de ces quatre analyses, tandis que l’effet restait positif mais non significatif dans la quatrième.
  • La qualité méthodologique des études sur l’homéopathie était similaire ou supérieure à celle d’autres études cliniques de même conception et de période comparable, évaluées selon les mêmes critères.
  • La note de la qualité des preuves globales (élevée / modérée / faible / très faible) était élevée pour l’homéopathie individualisée (analysée dans deux études de cas), modérée pour l’homéopathie non individualisée (une étude) et modérée pour tous les types d’homéopathie (trois études). Après avoir restreint les sources de données probantes aux trois MA présentant un faible risque de biais, la qualité des données probantes globales pour tous les types d’homéopathie a été classée comme élevée, les autres notes restant inchangées.
  • Il n’y avait aucune indication d’inefficacité générale, c’est-à-dire aucune différence entre l’homéopathie et le placebo.

On ne peut pas rejeter d’emblée cette revue. Dans l’évaluation ouverte du manuscrit de la publication, on trouvait les commentaires suivants : « La recherche de l’auteur est rigoureuse et les compétences fortes en analyse de la donnée » et « Il s’agit d’une étude systématique extrêmement détaillée et bien écrite de méta-analyses d’essais de laboratoire en homéopathie »10, tandis que les commentaires critiques ultérieurs étaient basés sur une méconnaissance ou une incompréhension de la méthodologie d’une revue systématique de MA11-13.

Le même constat vaut pour les déclarations de l’intervenant opposé à l’homéopathie durant le congrès des médecins. Selon lui, les auteurs auraient réévalué l’effet observé dans les études analysées dans les six MA et certaines études, utilisées plusieurs fois, figuraient dans plus d’une MA, avec un « résultat de multiplication ». Or la revue ne contenait aucune réévaluation de l’effet des études elles-mêmes, mais uniquement des évaluations des six MA.

Mais comment l’homéopathie agit-elle ?

On considère souvent, a priori, que les hautes dilutions homéopathiques ne peuvent pas être efficaces parce qu’elles ne contiennent pas de molécules actives. Cette hypothèse repose sur un modèle de la nature datant du XIXe siècle, selon lequel l’ensemble du monde vivant ne s’explique que par les interactions entre les atomes et les molécules.

De telles hypothèses sont toutefois largement dépassées par des recherches et des modèles plus récents. Les hypothèses empiriques concernent les modifications de la dynamique moléculaire dans les médicaments dilués et dynamisés14-17 et une conception élargie de la matière18. Il s’avère que les effets des hautes dilutions homéopathiques ne sont pas forcément en contradiction avec les lois de la nature, ni avec la science18.

Pourquoi l’homéopathie est-elle souvent jugée négativement ?

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